L'histoire
Le calme d'un dernier souffle, plus une âme ne bouge, seul un chien, faible, une vielle ampoule, et la mort venue personnellement accomplir un dernier travail en ce monde détruit par la folie des hommes... Et pourquoi? Après tout, la faucheuse dans son absolu pouvoir pourrait d'un geste un seul faire revenir sous ses yeux les résidus de son passé, ses songes, ses maîtres, et faire le ménage en ce monde pour repartir au commencement lorsque tout était à faire. Une lueur d'espoir embrase alors cette hostile nuit, la lumière jaillit tant la vie renaît et l'oublie s'installe en ces formes sauvages et libres...
Pour ceux que ça intéresse...
Lors de l'écriture du poème d'origine des images me venaient plus que de coutume, mais surtout je ressentais des textures qui peu à peu se dessinaient, au commencement le poème se passait sous la pluie, j'aimais l'idée de voir ce chien gisant dans une flaque les gouttes sillonnant son pelage humide. Puis j'ai vite pris conscience que la pluie en animation serrait un casse tête qui n'en valait pas la peine pour un simple délire d'écriture, je l'ai donc supprimé. Il me fallait donc autre chose pour accabler ce pauvre toutou, la lumière m'a semblé être une évidence, elle figurait d'ailleurs dans le poème comme un acteur à part entière. Bon c'est OK?... On se lance... un petit mois de storyboard et voilà le premier jet! Le storyboard est ensuite filmé bruité et dialogué, mais voilà... On s'endort! c'est chiant et beaucoup trop compliqué! Hannnnn! (grande inspiration) Version 2... Je prend alors sur moi et écris la deuxième version, moins compliqué, que le commun des mortels puisse en capter 2 mots. J'ai pris conscience à ce stade qu'un poème chargé en image c'est bien quand on a pas les images, le premier poème racontait les images, il ne fallait pas faire de doublon inutile mais plutôt que le texte et l'animation soient complémentaires, il fallait que ça chante d'avantage un peu comme dans ces chansons anglaises que l'on chante sans les comprendre. Bref... Un nouveau storyboard plus rythmé et quelques arrachages de cheveux plus loin naquit la première ébauche du film. Je savais alors qu'un nouveau risque m'attendait par rapport à la simplicité du fond : Dire l'amour c'est mieux que la guerre ça fait du bien mais tout le monde s'en fou! Voilà pourquoi le storyboard animé ne fonctionnait qu'à moitié. Ce film pour porter un thème à la fois si simple et si compliqué nécessitait une animation léchée afin que les mouvements emportent le texte, et, une musique originale. Je savais dès lors que la musique serait elle aussi un acteur du film et devait être prise en compte dès le début. Ce film n'est pas évident du fait qu'en moins de 6 minutes il ne se focalise pas sur une seule émotion et navigue entre nostalgie, tristesse, joie, espoir, ce qui en fait un scénario et un découpage complexe; par exemple la navigation entre mon imaginaire et la réalité qui n'est pas ma vision du monde mais la source de mes tiraillements.
Le propos (ou... mais pourquoi?!!)
Ce film est d'avantage un recueil émotif qu'un récit narratif, il s'adresse d'avantage à des émotions simples et sauvages qu'à une intellectualisation cherchant le propos et la case où le ranger. Il ne se veut ni moralisateur, ni dénonciateur, c'est un sentiment brut, un coup de Gueule, un caprice à prendre et interpréter comme chacun en jugera bon. Finalement, c'est un peu le miroir des sentiments que tout un chacun porte vis à vis du monde, la seule différence entre les humains n'est que leur propre interprétation, ici, c'est à travers la poésie et le fantastique que ce sentiment d'impuissance face à la mort est exprimé. à travers la mort, transparaît la thématique du film : le choix. Tout détruire ou bâtir? En ce monde où tout a disparu la mort nous prouve qu'elle a le choix et peut si bien faucher la vie ou la donner. Elle nous démontre alors qu'à travers elle et le pouvoir, nos choix sont faussés et ne suivent aucune logique, devra-t-elle aussi enfreindre pour une fois la loi la plus fondamentale de l'existence?, tout doit finir un jour, mais pour une fois une seule, la désobéissance serait salutaire, nos choix influencent nos vies et le monde; à travers son côté sombre et d'apparence fataliste ce film est en réalité un message d'espoir qui exprime une simple idée: soyons libre! (sniff!...)